Les châtaigneraies traditionnelles ardéchoises, une lecture par l’écologie des paysages

Le châtaignier est l’arbre emblématique des pentes des Monts d’ Ardèche. Le paysage actuel des châtaigneraies est le résultat de processus écologiques qui se sont déroulés sur de longues périodes, alternant phases d’expansions et de contractions des peuplements liées au climat, mais également de processus sociologiques plus récents.

Gravure représentant le château et le bourg castral de Privas au début du XVIIe siècle (Cliché Bibliothèque nationale de France, Département des Cartes et Plans

La présence de pollens de châtaigniers a été confirmée en Sud-Ardèche vers 1800 av. J.C., à l’âge du bronze. D’autres analyses signalent que le châtaignier ne serait pas indigène et que la châtaigneraie aurait remplacé artificiellement la chênaie pubescente dans les Cévennes, et la mise en culture du châtaignier pourrait dater de la fin du 16ème siècle. Ce sont les moines bénédictins qui auraient développé cette culture à partir de pépinières, les plantiers. J.R. Pitte (1979) signale que la relative souplesse de l’arbre en idéal a permis à l’homme de développer l’espèce hors de son aire strictement climacique, notamment dans l’aire du hêtre, en exposition sud, et dans celle du laurier en exposition nord. Le passage de l’arbre à bois vers l’arbre à fruit s’est fait progressivement grâce au greffage, par la sélection progressive des variétés par les castanéiculteurs, comme en témoigne Olivier de Serres en 1600. Depuis l’âge d’or du châtaignier, autour de la moitié du 19e siècle, l’exode rural et la déprise agricole, l’exploitation des tanins, l’apparition de maladies et ravageurs, ont conduit à un abandon massif des vergers, visible aujourd’hui dans la paysage.

Tous ces éléments ont été abordés lors d’une balade commentée par Fabrice Figueres et Guy Lemperiere, dans les paysages de terrasses autour d’Antraigues, par une météo très clémente qui a réuni une soixantaine de personnes. Les licences professionnelles du Pradel encadrées par N.Robinet et G.Lemperiere poursuivront cette étude sur le territoire d’Antraïgues en mai 2020.